Des taxes contre l'obésité

December 01, 2008 Health

L'obésité est devenue un problème de santé publique majeur. Elle concerne en France 11 % des adultes et 4 % des enfants, avec 25 % d'enfants en surpoids dans les familles à faibles revenus. Cette évolution est constatée dans la plupart des pays d'Europe occidentale, qui suivent avec quelques années de retard les Etats-Unis, où l'obésité touche 30 % de la population adulte... Le coût global pour la France des maladies directement liées au surpoids (problèmes cardio-vasculaires, diabète gras, hypertension, difficultés respiratoires et musculo-squelettiques...) est estimé entre 2 et 6 milliards d'euros par an, sans compter les coûts indirects dus aux arrêts de travail et à la perte de productivité. 

Comment s'attaquer au problème ? L'obésité, certes, n'a pas qu'une cause. Mais, en étudiant pendant deux ans les achats alimentaires de plus de 20 000 personnes représentatives, nous avons constaté un lien étroit entre les prix de certaines catégories d'aliments et la quantité de calories absorbées. Autrement dit, modifier la hiérarchie des prix des produits en introduisant des taxes sur certains d'entre eux peut modifier la balance énergétique des consommateurs et avoir un effet de prévention. 

Les consommateurs sont très sensibles aux variations de prix de la junk food (barres chocolatées, chips, pizzas...). Une taxe ciblée permettrait de réduire la prévalence de l'obésité tout en laissant à disposition des aliments moins denses procurant des calories très bon marché. En effet, la junk food est caractérisée par une importante densité en calories et un prix très faible, de 1,60 euro pour 1 000 kilocalories en moyenne. Absorber le même nombre de calories coûte 4 euros en mangeant des fruits et légumes et 4,60 euros pour de la viande. 

Une taxe de 5 % entraînerait une baisse de 2 points du taux d'obésité chez les adultes, et de 2,5 points chez les enfants. En contrepartie, une subvention pour les fruits et légumes pourrait faire baisser la consommation totale de calories. Mais les dépenses en fruits et légumes étant moins sensibles aux variations de prix que la junk food, il faudrait massivement les subventionner pour obtenir un effet comparable. 

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