Il faut proposer des alternatives aux automobilistes

19 Octobre 2018 Transport

Interview de Marc Ivaldi publiée dans la Dépêche, 19/10/2018

Que pensez-vous du projet de péages urbains que relance le gouvernement ?

Sur le principe, je dis oui. Mais les gens paient déjà. Même s'il n'y a pas de signal de prix, il y a un coût pour l'automobiliste à travers le temps perdu dans sa voiture dans les embouteillages. Le péage urbain n'a d'intérêt que si les décideurs développent plusieurs éléments de politique de transports. On ne peut pas mettre en place ce péage sans prévoir de solutions alternatives. Il faut des alternatives en termes de tarification des transports publics et de route avec par exemple, des tarifs variables selon l'horaire où on circule. Si on a une multitude d'alternatives, on peut agir sur la congestion de nos villes. Il ne faut pas proposer qu'une seule solution.

Quel doit être le bon tarif ?

Si on met un tarif trop haut, on va pénaliser beaucoup de monde. Il ne faut pas congestionner davantage les transports en commun. Et puis quand on a acheté une voiture, on ne va pas changer de mode de transport facilement car on veut l'amortir. Je plaide pour un péage à un coût très faible payé par beaucoup de gens. Par exemple, 10 centimes en annonçant d'entrée que ce tarif évoluera à la hausse chaque année, pour permettre à chacun d'anticiper les changements d'habitude.

Le gouvernement évoque un tarif de 2, 5 € maximum pour les agglomérations de 100 000 à 500 000 habitants.

Il faut rappeler que même à 2,50 € ou 5 € cela ne rapportera pas beaucoup si on restreint trop le nombre de personnes qui vont payer. Autant proposer un tarif faible mais progressif dans le temps, qui soit acceptable et payé par tous. À chaque usager d'adapter son mode de transport et aux structures qui gèrent les transports publics de proposer d'autres solutions.

Que pensez-vous de la gratuité des transports publics adoptée par plusieurs villes ?

Ce n'est pas la bonne idée. Cela ne fera qu'empirer les choses avec une augmentation très forte des voyageurs dans les transports en commun. Les recettes du péage urbain ne couvriraient qu'une petite partie du coût de la gratuité qu'il faudra bien répercuter.

Le péage urbain peut-il être adapté aux villes moyennes de 50 000 à 100 000 habitants ?

Il n'y a pas les mêmes problèmes de congestion dans les villes plus petites. Et puis le péage urbain est un système coûteux à mettre en place. Le coût de gestion n'est pas négligeable.