Cet article a été publié dans le magazine scientifique de TSE, le TSE Mag. Il fait partie du numéro paru à l’automne 2025, consacré à la finance et à l’argent. Découvrez le PDF complet ici et écrivez nous si vous souhaitez recevoir une copie imprimée ou nous dire ce que vous pensez du magazine, à cette adresse.
En 2008, une tempête financière a balayé le monde. Des banques ont fait faillite. Les marchés boursiers se sont effondrés. Des millions de personnes ont perdu leur emploi, leur maison et leurs économies. Depuis, les régulateurs tentent de mieux nous protéger. Mais, est-ce suffisant ? Un expert de TSE examine pourquoi le système peut sembler si opaque, instable et injuste.
Quel rôle la finance devrait-elle jouer dans une société juste ?
La finance n'est pas mauvaise en soi, elle met en relation ceux qui ont de l'argent et ceux qui en ont besoin. Elle soutient la croissance en allouant efficacement le capital dans l'espace et le temps, tout en gérant les risques. Cela aide les ménages à épargner, les entreprises à investir et les gouvernements à emprunter.
Peut-on prédire les crises ?
Pas de manière précise ou systématique, mais les économistes tentent d'identifier les signes avant-coureurs, tels que l'endettement insoutenable ou les bulles spéculatives, qui se forment lorsque tout le monde croit que les prix vont continuer à augmenter. Toutes les bulles finissent par éclater, mais il est presque impossible de prédire quand et pourquoi.
Les crises débutent souvent par une lente perte de confiance, avant qu'un petit choc ne provoque la panique. C'est le « moment Minsky », du nom de l'économiste qui a alerté sur la complaisance, la prise de risques et, à terme, l’effondrement qui peuvent survenir après de longues périodes de stabilité.
Comment la finance a-t-elle évolué ces dernières années ?
Depuis les années 1990, trois grandes tendances ont donné naissance à un réseau mondial hautement intégré.
La désintermédiation : les transactions s'effectuent en dehors des banques traditionnelles. La déréglementation : les règles relatives aux flux de capitaux sont assouplies. Le décloisonnement : les barrières entre les marchés sont tombées. Ces changements ont stimulé l'efficacité et l'innovation, mais ont aussi contribué à accélérer et à amplifier la diffusion des crises locales.
Après celle de 2008, de nouvelles règles ont amélioré la transparence et la surveillance. Les banques doivent désormais détenir davantage de capitaux et se soumettre à des tests de résistance réguliers, ce qui réduit le risque de panique bancaire ou de gel du crédit. Mais la contagion financière reste une menace, en particulier si la confiance des consommateurs et les chaînes d'approvisionnement sont fragiles.
Que faut-il faire d'autre ?
La finance est devenue trop axée sur les transactions spéculatives à court terme. Elle favorise de plus en plus le capital, principalement détenu par les riches, au détriment du travail qui assure le revenu de la population moyenne. Parallèlement, la complexité des nouveaux produits financiers creuse les écarts d'information qui enrichissent les puissants et les peu scrupuleux.
Ces problèmes sont aggravés par des lacunes réglementaires, souvent dans les nouveaux secteurs de la fintech tels que les banques parallèles. Sans une surveillance adéquate, les innovations comme les produits dérivés et le trading à haute fréquence ajoutent à l'instabilité au lieu de créer de la valeur.




