La victoire de Trump, une bonne nouvelle pour le climat

7 Décembre 2016 Environnement

La victoire de Trump est, paradoxalement, une excellent nouvelle pour le changement climatique : elle va forcer le reste du monde à se focaliser sur le progrès technique et non sur une coordination climatique internationale, fragile, non crédible et inefficace.

Je parle ici d'un point de vue anti-Trump sur le climat et j'accepte toutes les conclusions et recommandations des scientifiques du climat (GIEC...). Deux stratégies existent pour éviter le changement climatique. La première est le malthusianisme climatique mondial coordonné : convaincre tous les pays (et tous leurs habitants) de produire moins de gaz à effets de serre (GES). C'est la philosophie du défunt protocole de Kyoto (1997) et de l'accord de Paris, qui n'est qu'une collection d'engagements de bonne volonté dépourvus de sanctions.

Stratégie naïve

Le malthusianisme climatique est un pari sur la bonne volonté de tous aujourd'hui et surtout demain. Sinon, pourquoi pratiquer l'abstinence en GES aujourd'hui si tous mes efforts risquent d'être détruits par un gros pollueur demain ? Le malthusianisme climatique mondial est naïf : il n'est ni robuste, ni stable, ni crédible dans le temps.

Nous ne pouvons pas laisser l'avenir de l'humanité à la merci d'une telle naïveté bancale. Le traité de Paris COP21 est comme le Pacte Briand-Kellog (1928 - signé par l'Allemagne) qui avait mis la guerre hors la loi, sans sanctions. Il n'a pas empêché la seconde guerre mondiale ! Lorsque le désarmement global n'est pas contrôlable, il faut s'armer (si vis pacem, para bellum) : idem pour le climat. L'élection de Trump met un terme à la croyance en le malthusianisme climatique : comme les Etats-Unis vont s'en affranchir, il est mort et sans avenir. C'est la bonne nouvelle de la victoire de Trump, climato-sceptique forcené : elle nous force à reconnaître que le malthusianisme climatique est une impasse.

Rendre les énergies propres moins chères

La deuxième stratégie contre le réchauffement climatique - la seule qui nous reste - est de trouver et développer des technologies et innovations radicales afin que le coût des énergies propres soit significativement plus faible que le coût des énergies sales (hydrocarbures). Non seulement en Europe, mais partout dans le monde, y compris pour les plus pauvres, les énergies propres doivent être moins chère que les sales, pour tous, tout le temps.

Ceci suppose d'énormes efforts mondiaux additionnels pour la R&D et les infrastructures dans les énergies propres. Un précédent existe : le projet Manhattan (1942-45) par lequel les Etats-Unis ont investi des sommes massives dans la construction de la bombe atomique, passant en trois ans de la physique théorique à l'arme atomique. Nous devons faire de même pour les énergies propres. Nous ? C'est d'abord l'Europe (avec une initiative de la France et de l'Allemagne), les autres pays intéressés (Japon) ainsi que les grandes universités américaines (où sont logés les plus grands centres de recherche mondiaux).

Combien ? Un effort supplémentaire de 1% de PIB par an au moins. Comment ? En finançant tous les efforts de R&D (de la physique fondamentale à l'ingénierie pratique) pour toutes les énergies propres (production, transport, stockage). En augmentant en France et en Europe le prix du carbone jusqu'à 140 EUR la tonne de CO2 (le prix actuel en Suède) - ce prix élevé du carbone sera la meilleure politique industrielle climatique possible et stimulera les innovations de marché. En subventionnant certaines énergies propres à leur début. Enfin, ces technologies et innovations propres et bon marché devront être données gratuitement à tous les pays pauvres. En retour, ces pays devront ouvrir leurs marchés aux nouvelles énergies propres. Pour le climat, il vaut mieux se fier à l'intelligence et au mécanisme des prix plutôt qu'à une coordination malthusienne internationale naïve et inefficace.

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