La vague populiste va t-elle s'amplifier ?

11 Janvier 2018 Education

L'arrivée au pouvoir en Autriche du conservateur Sébastian Kurz, avec six ministres du parti d'extrême droite FPO, illustre l'ampleur de la vague populiste, depuis l'élection de Donald Trump aux Etats Unis et le Brexit au Royaume-Uni.

Le phénomène s'est amplifié en Europe avec l'irruption de l'AFD, un parti anti-immigration au Bundestag en Allemagne, et l'élection du milliardaire Andrej Babis, en octobre dernier, le « Trump tchèque ». L'explication du phénomène est difficile. Car il n'a souvent pas de lien apparent avec les difficultés économiques du pays. Au Royaume-Uni, le Brexit a eu lieu alors que le taux de chômage venait de tomber en dessous de 5%, un chiffre dont on rêverait en France. De son côté, la Pologne est en train de tomber dans l'autoritarisme alors qu'elle a bénéficié d'une croissance soutenue depuis plus de vingt ans.
Les populistes n'ont pas seulement percé dans les catégories populaires, qui souffrent le plus des difficultés économiques. Donald Trump a devancé Hillary Clinton chez les Américains qui gagnent plus de 50 DOO dollars par an et chez les électeurs blancs ayant accédé à l'enseignement supérieur, avec au moins une licence.

Le vote identitaire est aussi difficile à décrypter. Aux États-Unis, 53% des femmes blanches ont voté pour Trump, qui n'a pourtant pas exprimé un grand respect pour les femmes. Et chez les latinos, un tiers des hommes ont voté pour lui malgré son discours anti-immigration. 49% des électeurs blancs ayant au moins une licence ont voté pour Donald Trump, qui a devancé Hillary Clinton chez ces Américains éduqués. D'ailleurs, le lien du vote avec le poids de l'immigration n'est pas évident. Les circonscriptions qui ont une proportion plus importante d'immigrés ont plutôt moins voté en faveur du Brexit.

Ces difficultés d'explication doivent pousser les dirigeants politiques à vraiment écouter ces électeurs, plutôt que de les rejeter. L'une des raisons du vote populiste est justement le sentiment de ne pas être entendus par les politiques traditionnels. 

 

Article publié dans la revue Challenge