TSE MAG 25 - S’engager sur la bonne voie

21 Octobre 2023 Emploi

Cet article a été publié dans le magazine de vulgarisation scientifique de TSE, TSE Mag. Il fait partie du numéro paru à l’automne 2023, dédié au "Monde du Travail". Découvrez le PDF complet ici et écrivez-nous pour recevoir une copie imprimée ou nous partager vos impressions, à cette adresse mail.

Avez-vous suivi vos rêves ? Êtes-vous inquiets ou inquiètes que votre vie n’emprunte pas la bonne direction ? Les décisions que l’on prend au lycée ont des implications déterminantes pour notre avenir. Olivier De Groote, professeur assistant à TSE, s'appuie sur ses recherches en Belgique pour donner des conseils aux étudiants, aux parents et aux décideurs politiques sur la manière de faire les meilleurs choix en matière d'éducation.

LES PARCOURS DES ÉLÈVES DOIVENT-ILS ÊTRE DÉTERMINÉS PAR LEURS NOTES?

Dans l'idéal, nous devrions offrir aux élèves de nombreuses options, en fonction de leurs préférences et de leurs aptitudes, sans imposer d'exigences irréalistes à ceux qui ne sont pas suffisamment préparés. Une grande partie des compétences requises pour certains parcours éducatifs sont développées avant le lycée : ne pas en tenir compte peut avoir des conséquences importantes, notamment la probabilité que les élèves redoublent ou abandonnent l'école. 

Dans le contexte belge/flamand que j'étudie, les normes de notation empêchent les élèves de passer dans la classe supérieure dans certaines filières. Cela empêche de nombreux étudiants de s'orienter vers des filières mieux adaptées à leurs capacités. En Belgique, les étudiants sont moins contraints que dans de nombreux pays où le choix de la filière limite les options d'enseignement supérieur. Néanmoins, mes recherches montrent qu'une filière plus académique joue un rôle déterminant dans le fait de poursuivre des études et d'obtenir un diplôme de l'enseignement supérieur. Pour autant, cela ne signifie pas qu'il s'agit du meilleur choix pour tout le monde. 

Je constate que les lycéens peu performants redoublent souvent, bien qu'on leur conseille de changer de filière. Cette situation est coûteuse pour eux et pour la société, et ne permet pas d'obtenir de meilleurs résultats scolaires. Une filière moins académique peut bien préparer les élèves à plusieurs options plus tard dans la vie, telles que des emplois spécifiques ne nécessitant pas de diplôme universitaire. Elle peut également proposer une formation plus spécialisée pour des programmes spécifiques dans l'enseignement supérieur. Si l'objectif est d'augmenter le nombre de diplômés, nous devrions mieux préparer les élèves avant le lycée au lieu de recourir au redoublement. 

Nous constatons de nombreuses autres inadéquations qu'une meilleure orientation pourrait réduire. En Belgique, les résultats scolaires sont légèrement meilleurs dans les écoles les plus élitistes qui ne proposent que la filière la plus académique. Mais de nombreux élèves des écoles d'élite seraient mieux lotis dans des écoles publiques proposant plusieurs filières. Et vice versa. 

LA CLASSE SOCIALE ET LE GENRE CONFÈRENT-ILS AUX ÉLÈVES DES AVANTAGES INJUSTES?  

Dans les écoles d'élites, 56 % des élèves ont une mère titulaire d'un diplôme de l'enseignement supérieur, contre seulement 32 % dans les écoles non élitistes. Le choix de l'école étant libre en Belgique, ce sont les choix des parents qui déterminent cette situation. Ce qui n'est pas toujours idéal car les écoles d'élite sont plus avantageuses pour les enfants dont les parents n'ont pas fait d'études supérieures. 

Les élèves dont les parents n'ont pas un niveau d'étude élevé ont tendance à suivre des voies moins académiques et à obtenir de moins bons résultats au lycée. A l'inverse, un enfant donc un parent a fait des études supérieures a deux fois plus de chances d'obtenir un diplôme universitaire. La meilleure façon de réduire cet écart de statut socio-économique est d'améliorer les compétences des élèves avant l'école secondaire, par exemple en investissant dans l'éducation dès la petite enfance. Permettre à tous les élèves, peu importe leur origine sociale, d'acquérir les mêmes compétences en mathématiques et en langues réduirait de moitié l'écart existant entre les différents statuts socio-économiques. L’écart restant pourrait correspondre à des préférences différentes pour les programmes d’études, pour l’universités elle-même, ou à des différences dans d’autres compétences. 

Il existe également des écarts importants entre les sexes. Les garçons ne représentent que 40 % des diplômés des filières académiques, mais 67 % des décrocheurs de l'enseignement secondaire. Ils optent également plus souvent pour des programmes à forte intensité mathématique. 

DEVRIONS-NOUS ENCOURAGER DAVANTAGE DE PERSONNES À ALLER À L'UNIVERSITÉ? 

Pas nécessairement. En termes de salaires, nous savons qu'un diplôme universitaire est bénéfique en moyenne, mais pas pour tout le monde. Certains étudiants n'aiment pas non plus les études longues. Il est important que les étudiants soient bien formés pour les emplois d'aujourd'hui et de demain, et qu'ils choisissent l'option dans laquelle ils ont un avantage comparatif. Pour beaucoup, il peut s'agir d'une bonne formation professionnelle dans un lycée.

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