29 juin soutenance de thèse de Christopher Sandmann

29 Juin 2021 Recherche

Monsieur Christopher Sandmann soutiendra sa thèse de doctorat en Sciences économiques le 29 Juin 2021 à 15h00, sur le sujet : « Essays in Economic Theory » 

Visioconférence (TSE) 

Directreur de thèse : Thomas Mariotti

Pour assister à la soutenance publique, merci de contacter Elvire Jalran

Le jury se compose comme suit : 

- Marina Halac, Professeure d’économie, Université de Yale 

- Lucas Maestri, Professeur d’économie, FGV EPGE 

- Leeat Yariv, Professeure d’économie, Université de Princeton 

- Bruno Jullien, Directeur de recherche, CNRS 

- Thomas Mariotti, Directeur de recherche, CNRS

Pour assister à la soutenance publique, merci de contacter Elvire JALRAN.

Résumé :

Cette thèse étudie plusieurs problèmes apparemment disparates de la théorie économique : les chapitres 2 et 3 (écrites conjointement avec Nicolas Bonneton) examinent comment les frictions de recherche (non stationnaires, c'est-à-dire variant dans le temps) affectent l'appariement assortatif positif (PAM, dit ‘positive assortative matching’), le chapitre 4 étudie l'incertitude des croyances d'ordre supérieur et leur manipulation dans les jeux d'information incomplète, le chapitre 1 questionne l'optimalité de la discrimination par les prix par un vendeur monopolistique. 

Les économistes considèrent les choix - qu'il s'agisse de décisions individuelles sur l'appariement (comme dans les chapitres 2 et 3), de questions de coordination dans les jeux d'investissement (comme dans le chapitre 4), ou de décisions de tarification des consommateurs (comme dans le chapitre 1) - comme des solutions à des problèmes d'optimisation sous contrainte. Les propriétés comparatives des préférences déterminent si un agent accepte plus facilement de s'associer à un partenaire moins désirable qu'un autre agent, si les décisions d'investissement sont mutuellement encourageantes ou dans quelle mesure il est possible de diminuer la qualité et le prix pour les acheteurs de moindre valeur sans sacrifier la demande des acheteurs de valeur élevée pour des produits de haute qualité. 

Ce qui lie ces essais disparates, c'est qu'ils identifient (comme dans les chapitres 1, 2 et 3) ou utilisent (comme dans le chapitre 4) des propriétés comparatives des préférences individuelles sous lesquelles le comportement d'équilibre est particulièrement bien compris : la recherche aléatoire induit un choix de l'appariement assez régulier (chapitre 3), assortatif même (chapitre 2); nous avons un aperçu de la structure d'information qui garantit la plus haute probabilité de coordination dans tous les équilibres (chapitre 4) ; au lieu de facturer des prix distincts pour des qualités ou des moments d'achat distincts, le monopoliste affiche un prix unique pour le plus haut niveau de qualité seulement (chapitre 1). 

Dans le contexte de la discrimination par les prix par un monopoliste (voir chapitre 1), je dérive une condition qui garantit qu'un prix unique affiché, par opposition à une tarification discriminatoire sophistiquée, maximise le profit. La condition suffisante la plus faible pour que cela se produise repose sur un classement sur la concavité des préférences. Dans le cadre de la discrimination par les prix de second degré, cela exige que les utilités des acheteurs à valeur élevée soient plus concaves que les utilités des acheteurs à faible évaluation. Intuitivement, c'est le cas lorsque la consommation en soi, et non la qualité, est ce qui importe aux acheteurs ayant une plus grande évaluation. Cela généralise les conclusions d'Anderson et Dana (2009) et Stokey (1979). 

Dans le contexte de l'appariement en l'absence de négociation (le paradigme NTU, dit ‘non-transferable utility’), voir chapitre 2, nous identifions les propriétés comparatives des préférences dans lesquelles les individus les mieux classés sont plus sélectifs quant aux personnes avec lesquelles ils acceptent de s'apparier, stipulant ainsi le PAM, même en présence de frictions de recherche. Les réponses à cette question ont été fournies dans un état stable où les entrées et les sorties s'équilibrent exactement à chaque instant. Notre analyse englobe plutôt une dynamique non stationnaire, où le pool d'agents en recherche fluctue dans le temps. Pour maintenir l’appariement assortatif, nous constatons que les individus les plus désirables doivent être moins averses au risque que les individus moins bien classés. L'intuition est simple : la décision de rejeter un certain gain d'appariement aujourd'hui est une préférence révélée pour un gain d'appariement risqué et aléatoire dans le futur. Ce qui est alors peut-être le plus surprenant, c'est que ce classement sur les préférences en matière de risque n'est pas nécessaire pour garantir le PAM en régime stationnaire (voir Morgan (1994) et Smith (2006)). La raison en est que les préférences pour le risque ne prennent tout leur sens qu'en présence du risque de détérioration future des perspectives d'appariement, inhérent à la dynamique non stationnaire. 

Dans le chapitre 3, nous étendons notre analyse de l’appariement non stationnaire à un environnement où les gains de l'appariement sont déterminés par la négociation (le paradigme TU, dit ‘transferable utility’, précédemment étudiée par Shimer and Smith (2000) and Atakan (2006)). Plus fondamentalement, le chapitre 3 élargit la définition de l'appariement assortatif pour tenir compte de l'hétérogénéité individuelle. Ce faisant, le chapitre 3 identifie une nouvelle force qui perturbe l'appariement assortatif dans le cadre de 

la négociation - indépendamment de la complémentarité des appariements : les frictions érodent de manière disproportionnée la valeur de la recherche et donc le pouvoir de négociation des agents les plus productifs. À l'extrême, lorsque le marché est vide de sorte que les rencontres sont rares, les agents affichent unanimement le plus grand surplus d'appariement lorsqu'ils sont appariés avec les individus les plus productifs, et non avec des individus aux caractéristiques similaires. 

En outre, la thèse apporte plusieurs contributions techniques. Premièrement, le chapitre 2 formule les conditions générales sous lesquelles les équilibres dynamiques déterministes non-stationnaires de l'économie de recherche et d'appariement existent. Ici, nous avons considéré un continuum d'agents et un horizon temporel infini. Motivé par le fait que les jeux à joueurs finis sont connus pour être sujets à la multiplicité des équilibres, c'est-à-dire qu'ils peuvent se coordonner sur des équilibres dans lesquels tous les agents acceptent plus ou moins les autres, le chapitre 3 montre ensuite que dans un cadre avec une incertitude globale et un temps terminal, un équilibre non seulement existe mais est aussi unique. La raison en est que l'incertitude globale rend impossible la coordination sur un équilibre, alors qu'une telle stratégie ne peut être optimale que si l'on atteint un état pessimiste (ou optimiste) farfelu avec peu (beaucoup) d'agents dans le pool de recherche. Plus succinctement, l'incertitude globale entrave la coordination. 

Enfin, le chapitre 4 propose une nouvelle approche de la conception de l'information dans les jeux (allant au-delà du cas d’un récepteur unique étudié par Kamenica et Gentzkow (2011)). Un exemple en est le jeu d'investissement dans lequel un émetteur cherche à encourager plusieurs récepteurs, voir investisseurs, à investir malgré un état de la nature, e.g., la sécurité d’investissement, inconnu. Au cœur de cette nouvelle approche se trouve une nouvelle représentation explicite des croyances d'ordre supérieur qui permet une plus grande compréhension que la représentation proposée jusqu'à présent dans la littérature. En guise d'application, j'offre une perspective unifiée et, je l'espère, plus claire sur l'argument de l'infection souvent invoqué. Dans ce cas, l'expéditeur envoie une chaîne de messages alternant entre les joueurs de telle sorte qu'un message induisant une action faible est contagieux pour un autre joueur qui choisira également l'action faible. J'introduis une nouvelle distinction de l'argument de l'infection, basée sur le fait que la structure d'information manipule uniquement les croyances de premier ordre, ou crée une incertitude sur les croyances d'ordre supérieur à tous les ordres.