Gerard MAIDEU MORERA soutiendra publiquement sa thèse en sciences économiques le Jeudi 19 juin 2025 à 10h45 (soutenance hybride zoom & Auditorium 6, bâtiment TSE)
« Essays on Macroeconomics »
Directeur de thèse: Professeur Christian HELLWIG
Pour assister à la soutenance publique, merci de contacter le secrétariat de l'école doctorale.
Les membres du jury sont :
- Christian Hellwig : Professeur d'économie, TSE-R Directeur de thèse
- Arpad Abraham : Professeur d'Economie, University of Bristol, School of Economics Rapporteur
- Timo Boppart : Professeur Associé d'Economie, Institute for International Economic Studies Rapporteur
- Thierry Magnac : Professeur d'Economie, Université Toulouse Capitole Examinateur
Résumé :
Cette thèse se compose de trois chapitres. Le chapitre 1 analyse l’importance des avantages non salariaux pour mesurer la croissance économique et les effets distributifs du progrès technique. Les chapitres 2 et 3 appliquent des méthodes de contrats dynamiques afin d’étudier l’écart salarial entre les sexes et la pénalité de maternité, ainsi que l’entrepreneuriat et les contraintes de financement.
Smith (1776) avait déjà introduit l’idée des différentiels compensateurs, selon laquelle les salaires varient en fonction des caractéristiques non pécuniaires des emplois. Depuis, la théorie et les preuves empiriques se sont solidement établies. Les avantages non salariaux entrent dans la fonction d’utilité des travailleurs et dans le processus de production, mais les comptabilités de croissance, de bien-être ou de répartition les négligent généralement. Le chapitre 1 comble cette lacune. Je commence par estimer les prix d’ombre d’un ensemble d’avantages mesurables à l’aide d’enquêtes au niveau des professions. J’observe un déplacement de la demande de travail, biaisé vers les emplois à forte composante d’avantages, aux États-Unis entre 1980 et 2015 : les travailleurs ont été réalloués des occupations peu dotées vers les occupations très dotées. Je montre ensuite que prendre en compte cette réallocation modifie sensiblement notre lecture des grands changements macroéconomiques. Premièrement, omettre la valeur d’ombre des avantages conduit à sous-estimer la croissance de la productivité ; l’inclure révèle une compensation totale (salaire + avantages) ayant crû de 40 % de plus que les salaires, soit une productivité 25 % plus élevée que celle indiquée par les mesures usuelles, mais un ralentissement plus marqué depuis le milieu des années 2000. Deuxièmement, mesurer les avantages est essentiel pour saisir les effets distributifs du progrès technique : malgré la polarisation bien documentée des salaires, je ne trouve aucune polarisation sur la distribution de la compensation totale.
Le chapitre 2, rédigé avec Maria Frech, part de l’importante demande féminine d’horaires flexibles, identifiée comme cause majeure des disparités de genre. Nous élaborons une théorie où cette demande cachée façonne la dynamique de l’emploi. Un modèle de contrat dynamique entre employeur et salarié, dont la disponibilité temporelle est stochastique et invérifiable, montre que seuls diffèrent, entre hommes et femmes, les risques de faible disponibilité mesurés dans l’ATUS. En comparant des contrats adaptés à chaque sexe et un contrat « masculin » appliqué à tous, nous démontrons que ce dernier reproduit (i) le creusement puis la persistance de l’écart de rémunération sur le cycle de vie et (ii) la durée d’emploi plus courte et la moindre participation des femmes.
Le chapitre 3 s’appuie sur la littérature des contrats dynamiques pour comprendre comment les frictions d’agence engendrent des contraintes de financement et influent sur la trajectoire des entreprises. Alors que la recherche suppose souvent un entrepreneur neutre au risque et des chocs i.i.d., j’étudie — grâce aux avancées récentes en fiscalité dynamique — un modèle canonique de diversion de flux de trésorerie (Clementi & Hopenhayn, 2006) avec un entrepreneur avers au risque et des chocs productifs persistants. L’aversion au risque modifie profondément le contrat optimal : la taille de l’entreprise est systématiquement réduite, les distorsions reflètent l’autocorrélation du type, et la rémunération de l’entrepreneur est lissée et découplée de la taille. Enfin, une quasi-mise en œuvre par contrats plus simples montre que cette classe de modèles ne peut reproduire simultanément la dynamique empirique de la taille des entreprises et des parts de capitaux propres.