Soutenance de thèse de Michele BISCEGLIA, jeudi 26 juin 2025

26 Juin 2025 Recherche

Michele BISCEGLIA soutiendra publiquement ses travaux de thèse en sciences économiques jeudi 26 juin 2025 à 13h30 (Auditorium 6, bâtiment TSE et soutenance hybride)
Titre : Essays in Applied Microeconomic Theory

Directeurs de thèse : Professeurs Jean Tirole et Patrick Rey

Pour assister à la soutenance, merci de contacter le secrétariat de l'école doctorale.

Les membres du jury sont :

  • Jean TIROLE : Président honoraire, TSE & IAST, UTC – TSE Directeur de thèse
  • Patrick Rey : Professeur d'Economie, Université Toulouse Capitole Co-directeur de thèse
  • Lucy White : Professeure d'Economie, Boston University - Questrom School of Business Rapporteure
  • Julian Wright : Professeur d'Economie, National University of Singapore Rapporteur

Résumé :

Cette thèse se compose de trois essais en théorie microéconomique appliquée. Elle développe des cadres d’analyse pour mieux comprendre la collusion sur les marchés du travail, les stratégies des plateformes numériques, et les investissements socialement responsables, et en tire des implications en matière de politique économique.

Le premier chapitre propose une théorie de la collusion en présence de pouvoir de marché sur le marché du travail. Dans un cadre oligopolistique-oligopsone, une entreprise doit augmenter ses offres salariales pour recruter davantage de travailleurs et accroître sa production, ce qui réduit son incitation à s’écarter d’un résultat collusif. Les accords de non-débauchage et de non-concurrence, qui empêchent une entreprise de recruter les travailleurs de ses rivales, constituent des pratiques facilitant la collusion. Le pouvoir de marché sur le marché du travail accroît ainsi la capacité des entreprises à colluder, au détriment des consommateurs et des travailleurs, ce qui souligne la nécessité pour les autorités de la concurrence de surveiller également les comportements collusifs sur ces marchés. Toutefois, si seule la collusion salariale est surveillée, ou est empêchée par l’instauration d’un salaire minimum, les entreprises colludent fortement sur les prix, ce qui détériore le bien-être des consommateurs par rapport à une situation de collusion non contrainte.

Le deuxième chapitre examine si les utilisateurs reçoivent une juste part de leur contribution à un écosystème numérique. Les accusations fréquentes de favoritisme (self-preferencing) et de frais excessifs portées contre les plateformes dominantes soulèvent la question de la norme à laquelle ces plateformes doivent être tenues. Le rôle important joué par deux bornes inférieures nulles sur la tarification des services principaux et complémentaires, dans la détermination des tarifs privés et socialement optimaux des plateformes, justifie les préoccupations relatives à l’équité pour les utilisateurs professionnels. Une règle simple de type « pigouvienne » pour réguler les conditions d’accès permet de faire en sorte que les utilisateurs professionnels récupèrent la valeur de leur contribution à l’écosystème, en favorisant un niveau adéquat d’innovation ; cela passe par la tarification de l’externalité positive non prise en compte (bénéfice auxiliaire) dont bénéficie un vendeur tiers lorsqu’il accède au consommateur.

Le troisième chapitre analyse l’efficacité de l’investissement socialement responsable comme mécanisme de marché pour contrôler les externalités des entreprises. Lorsque des investisseurs responsables interagissent avec des investisseurs motivés par le profit, les premiers ont tendance à concentrer leur capital sur un sous-ensemble d’entreprises, en excluant les autres. Cette concentration de capital responsable peut atténuer les problèmes de passager clandestin et de coordination dans l’adoption de technologies vertes, mais elle peut aussi accroître le pouvoir de marché sur les produits et évincer les investissements verts des entreprises exclues. Si ces effets indésirables prédominent, les investissements verts agrégés et le bien-être sont plus élevés en l’absence d’investissement socialement responsable. En équilibre, le capital responsable tend à se concentrer le plus précisément lorsque cette concentration est la moins souhaitable.