Être à la hauteur

1 Février 2019 Environnement

Olivier est ravi de son arrivée à TSE en septembre. « Pendant la période des entretiens, lorsque mes amis me demandaient quel était le poste de mes rêves, je répondais TSE : c’est un endroit où il fait bon travailler avec un excellent département d'économie. Rester en Europe était également un avantage appréciable. » Son domaine d’expertise inclut la microéconomie appliquée et l’organisation industrielle empirique, et il a dirigé des recherches sur l’adoption des panneaux solaires et les choix pédagogiques.

Panneaux solaires

En se basant sur un ensemble de données allant de 2006 à 2012, Olivier a pu étudier la façon dont les ménages évaluent les bénéfices liés à l’adoption des panneaux solaires. « En collaboration avec Franck Verboven, j’analyse si la politique de subventions en Flandre (Belgique) a porté ses fruits et s’il existait une façon plus économique d’atteindre les mêmes résultats. Nous montrons que subventionner les résultats de l’investissement, plutôt que le coût de l’investissement initial, est assez onéreux, principalement parce que les consommateurs semblent sous-évaluer les bénéfices liés à l’installation d'un panneau solaire. »

Malgré le succès de la politique (en 2012, 8,5 % des ménages de Flandre avaient installé un panneau solaire), les auteurs ont conclu que la réduction du coût de l’installation aurait de bien meilleurs résultats, car c’est ce coût qui est principalement surévalué par les consommateurs.

« Les consommateurs sous-évaluent les bénéfices par rapport au coût de l’adoption. Cela peut venir du fait qu’ils pensent déménager dans un futur proche, ce qui entraînerait une réduction potentielle de leur retour sur investissement, ou bien qu’ils ne soient pas certains que le gouvernement poursuivra les programmes de subventions dans le futur. Nous ne sommes pas sûrs d'avoir trouvé la raison principale, mais nous pensons que diminuer le coût de l’adoption serait plus efficace que d'attribuer des subventions sur le long terme. »

Choix pédagogiques

Olivier a également étudié les préférences en matière d’éducation des étudiants en Flandre. En s'appuyant sur les données obtenues avec le suivi prolongé d’étudiants flamands, il a pu déterminer si leurs choix avaient un impact positif ou négatif sur leurs carrières. « Dans le système pédagogique belge, les étudiants doivent choisir leur parcours pédagogique à partir de 12 ans. Ils peuvent changer chaque année, mais presque uniquement pour passer d'un cursus plus académique à un cursus moins académique. À la fin de chaque année, les enseignants délivrent un certificat avec une note allant de A à C qui indique si l'étudiant doit poursuivre son cursus ou s'orienter vers un cursus moins académique. Les étudiants qui obtiennent un C, la plus mauvaise note, doivent redoubler. Les étudiants obtenant un A poursuivent généralement leur cursus, mais les étudiants obtenant un B doivent choisir entre une réorientation et un redoublement. »

Suite à son analyse de l’impact de ces notes, Olivier suggère que les étudiants obtenant un C ne devraient pas redoubler. « Il est préférable que les étudiants se réorientent lorsqu’ils obtiennent un B plutôt qu’ils redoublent car nos données indiquent que le fait de les forcer à changer de voie n'a pas d'impact sur l’obtention d'un diplôme dans le supérieur, contrairement au redoublement, qui implique en outre que les étudiants mettent une année de plus à obtenir leur diplôme. »

Une nouvelle politique, actuellement débattue par le gouvernement, envisage d'interdire le redoublement aux étudiants obtenant un B, appliquant ainsi directement les résultats des recherches d’Olivier. « Ils vont supprimer la possibilité du redoublement. C’est une réponse adaptée aux problèmes rencontrés au cours de mes recherches. »

Travaux futurs

Olivier a également commencé à travailler sur d'autres projets de recherche. « En collaboration avec Koen Declercq, je travaille actuellement sur un ensemble de données recueillies auprès de 100 000 étudiants de diverses écoles. J’essaie de savoir si les étudiants inscrits dans des écoles plus "élitistes", ont plus de chances d’obtenir un diplôme d'études secondaires. »

Les résultats se sont avérés surprenants. « Les premiers résultats montrent que les étudiants de ces écoles ont plus de chances d’en sortir diplômés, sauf si l’on prend en compte la sélection. À ce moment-là, nous remarquons l’effet inverse. Cela peut venir du fait que les étudiants de ces écoles qui ne sont pas excellents dans les cursus plus académiques doivent complètement changer d’établissement pour trouver une voie plus adaptée, et ont moins de chances d’y arriver par rapport aux étudiants scolarisés dans des établissements plus généralistes. »

Olivier aimerait également étudier les choix en matière de garde d’enfants et les systèmes de répartition pour améliorer l’adéquation entre les enfants et les options de garde proposées. « À l’heure actuelle en Belgique, comme dans beaucoup de pays, les parents s’inscrivent dans des structures de garde d’enfants dès le moment où ils savent qu’ils vont être parents. »

Extrait du TSE Mag#18 Hiver 2018