7 juin soutenance de thèse d'Alexandre Gaillard

7 Juin 2022 Recherche

Alexandre Gaillard soutiendra publiquement ses travaux de thèse intitulés :
«Essays in Macroeconomics with Heterogeneous Agents».

Pour obtenir le lien zoom, merci de prendre contact par mail avec le secrétariat : Elvire Jalran

Directeur de thèse : Professeur Patrick Fève

Les memebres du jury sont :

  • M. Patrick FEVE, Université Toulouse 1 Capitole, TSE, Directeur de thèse
  • M. Sang Yoon (Tim) LEE, Queen Mary University of London, Rapporteur
  • Mme Axelle FERRIèRE, Paris School of Economics, Rapporteure
  • M. Christian HELLWIG, Université Toulouse 1 Capitole, TSE, Examinateur

Résumé:

Cette thèse est divisée en quatre essais sur le rôle de l'hétérogénéité en macroéconomie. Spécifiquement, j'étudie comment : (i) les effets de la taxation de la richesse dépendent des sources de l'inégalité de richesse, (ii) l'assurance chômage affecte la sélection dans l'entrepreneuriat, (iii) le marché des entreprises permet de transmettre la valeur intangible des entreprises entre les générations et les entrepreneurs, et (iv) le commerce international entre une multitude de pays participe au co-mouvement des PIBs entre ces pays. Dans mon premier chapitre, nous montrons avec mon coauteur Philipp Wangner que les implications de la redistribution de la richesse sur les agrégats macroéconomique et le bien-être dépendent des forces sous-jacentes aux décisions d'investissement et à l'inégalité de richesse. Dans les données, les ménages riches investissent une plus grande proportion de leur richesse dans des actifs risqués. Cette observation est le résultat de deux mécanismes. Les ménages riches peuvent être hétérogènes en termes de compétence et de tolérance au risque (dépendance au type) ou parce que la richesse elle-même conduit à des comportements plus risqués (dépendance à la richesse).

Premièrement, nous clarifions le rôle de la dépendance au type et à la richesse et montrons qu'une classe de modèle utilisé pour étudier les conséquences de l'hétérogénéité micro de l'investissement s'appuient sur une combinaison particulière de dépendance au type et à la richesse. Deuxièmement, nous montrons que leur distinction est cruciale pour évaluer les effets de la taxation sur la richesse. A l'aide d'un modèle quantitative en marchés incomplets calibrés sur des données microéconomiques aux USA, nous trouvons que les deux dépendances génèrent des résultats opposés sur l'effet de la taxation de la richesse. Dans un modèle de type-dependence, les individus riches avec des retours sur l'investissement faibles desépargnent plus rapidement que ceux qui obtiennent des retours sur l'investissement plus élevés. Par conséquent, en taxant le stock de richesse des plus riches, seuls les plus riches dans l'économie survivent au top de la distribution de la richesse, renforçant la sélection des agents avec des compétences d'investisseurs parmi les plus riches. Lorsque les retours sur l'investissement reflètent la productivité, taxer la richesse à un taux plus élevé est optimal parce qu'il accroît la productivité. Dans un modèle de dépendance à la richesse, une taxation sur la richesse réduit l'investissement productif, tel que subventionner la richesse devient optimal. Dans un modèle calibré pour prendre en compte les deux mécanismes, taxer positivement la richesse à 0.8% au delà d'un seuil d'exonération de 550K est optimal avec peu d'effets sur la productivité. Ce résultat est robuste si les retours élevés sur l'investissement représentent des rentes plutôt qu'une différence de productivité. Dans ce cas, l'argument inverse se produit. Il est optimal d'accroître la taxation sur la richesses lorsqu'il y a dépendance à la richesse, mais de décroître la taxe sur la richesse lorsqu'il y a dépendance au type, tel que les deux effets sur l'importance des rentes dans l'économie se neutralisent.

Dans le second chapitre, nous étudions avec mon coauteur Sumudu Kankanamge comment l'entrepreneuriat contribuent aux flux du marché du travail au niveau macro et micro. Nous expliquons pourquoi la sélection dans ce type d'occupation est fortement sensible aux variations de l'assurance chômage. Notre cadre théorique combine les modèles de search dans l'esprit de Mortensen et co-auteurs (1994) avec les modèles d'entrepreneuriat dans la lignée de Quadrini (2000) et Cagetti and De Nardi (2006). Nous montrons que notre modèle réplique les faits stylisés principaux de flux entre les différentes occupations au niveau agrégé mais aussi le long de la distribution des revenus et de la richesse. Une assurance chômage plus élevée est associée avec un effet dissuasif fort sur la création des entrepreneurs des personnes au chômage et dans l'emploi, confirmant nos résultats empiriques obtenus dans les CPS. Intuitivement, une assurance chômage plus élevée change le risque de l'occupation "entrepreneur" relativement à l'occupation "en emploi". Cet effet a des conséquences agrégées sur les masses d'occupation dans l'économie. De façon surprenante, nous trouvons qu'un accroissement de l'assurance chômage accroît le chômage et l'emploi dans l'économie mais diminue le nombre de personnes dans l'entrepreneuriat.

Dans le troisième chapitre, nous étudions avec mon coauteur Sumudu Kankanamge le role du marché des petites et moyennes entreprises (PME) dans la transmission de la valeur intangible des entreprises au sein et entre les générations d'entrepreneurs. Dans les données, une large proportion des entrepreneurs ont commencé leur entreprise en acquérant une entreprise existante au lieu d'en créer une nouvelle. Au contraire, la fraction d'entreprises cédées ou héritées ne compte que pour une faible proportion des acquisitions. En utilisant de nouvelles données, nous documentons également que le marché des PME est sujet à d'importantes frictions de vente. Motivé par ces faits, nous construisons un modèle à grande échelle de cycle de vie avec des entrepreneurs pour comprendre et quantifier le role du marché des PMEs. Un élément clé du modèle est que les nouvelles entreprises établies sont, en moyenne, moins productives et font faces à un risque de faillite plus élevé que les entreprises plus agées, en cohérence avec un effet de sélection des meilleures entreprises au cours du temps. Le marché des PMEs permet la transmission de ces entreprises entre les individus. Les entrepreneurs veulent vendre leur entreprise soit à cause d'un choc exogène ou parce qu'ils souhaitent partir à la retraite. Les jeunes entrepreneurs voudraient acheter une entreprise existante mais des frictions de vente et financière les empêchent de le faire. Nous trouvons que la fermeture du marché des PMEs génère une diminution de la productivité agrégée et de la production, altère la distribution des entreprises, les incitations d'entrer et de sortir de l'entrepreneuriat et la distribution de la richesse.

Dans un quatrième chapitre, nous étudions avec François de Soyres le lien entre les échanges internationaux de biens et le co-mouvement entre les pays. Empiriquement, deux pays qui échangent davantage de biens sont, en moyenne, davantage synchronisés. Cependant, les modèles internationaux de cycles d'affaires réels ne permettent pas de générer la magnitude de cette relation empirique. Ce résultat est à l'origine du Trade Comovement Puzzle (TCP) introduit par Kose and Yi (2006). Nous montrons que la façon dont le PIB est mesuré par les agences statistiques, en utilisant la méthode de double déflation, peut largement résoudre ce puzzle. Lorsque les prix constants sont utilisés dans la construction de PIB réel, une distorsion entre le prix des biens importés et le revenu marginal produit par leur utilisation génère un lien mécanique entre l'usage d'inputs importés et les mouvements de PIB, augmentant l'importance de la propagation des chocs entre pays. En se focalisant sur deux sources de distorsion, nous construisons un modèle quantitatif de cycles d'affaires réels internationaux avec une multitude de pays en compétition imparfaite et qui introduit une marge extensive des variétés de biens importés. Le modèle réplique la relation entre les échanges de biens et la correlation des PIBs lorsque ceux-ci sont mesurés en utilisant la même méthode que les agences statistiques. Chaque component, la présence de markups et la préférence pour la variété, comptent pour une fraction importante de la relation. Le résultat montre qu'il est crucial de bien définir les agrégats au sein d'un modèle macroéconomique de la même façon que ce qui est mesuré par les agences statistiques.